I - Les origines de cette formation


A) Les responsabilités humaines

Les détritus peuvent s'accumuler jusqu'à 2 000 mètres de profondeur.  

Nous pouvons classer les déchets en trois catégories :
  1. les déchets ménagers,
  2. les déchets industriels,
  3. les déchets chimiques.

      Environ 80 % des déchets jetés dans les océans et dans les mers sont d'origine terrestre et 20 % sont d'origine maritime.

D’origine maritime :

1) Déchets des bateaux : Ordures déversées par les navires de plaisance, de commerce et les pêcheurs ou des cargos qui ont coulé en mer. Un de ces évènements resté célèbre est la perte d'environ 80 000 chaussures et bottes de la marque Nike du navire Hansa Carrier en 1990. En 1992, une autre perte de cargo a concerné environ 30 000 canards en plastique jaune, tortues bleues et grenouilles vertes de la marque « Friendly Floatees ».

2) Les dégâts de la navigation : Il n'y a pas que les marées noires. Certains bateaux transportent des produits chimiques, et il leur arrive aussi de couler... C'est le cas du Levoli Sun en octobre 2000 au large du Cotentin, avec 6000 tonnes de produits chimiques toxiques (Styrène monomère, méthyle-éthyle-cétone et propanol). Il s'agissait d'un navire qui était classé 35 sur un indice de vétusté qui compte 50 degrés, la cause de l'accident fut donc assimilée à l'ancienneté du bateau.

3) Les navires de croisière ne sont pas les derniers à polluer. La Royal Caribbean Cruise, le deuxième opérateur mondial de croisières touristiques, a été condamné trois fois pour déversement illégal de pétrole et de produits chimiques en mer.

4) Des déchets de pêche : Restes de filets de pêche, cordage, nasses, appâts, ... Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnent) et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) ont également récemment tiré la sonnette d'alarme sur les équipements de pêche perdus ou abandonnés en mer. Les équipements laissés à l'abandon dans les océans représentent 10 % des déchets marins, soit 640 000 tonnes de déchets.

Même si les pollutions maritimes semblent conséquentes, les pollutions issues des terres demeurent quatre fois plus importantes :

-          Les déchets ménagers jetés au bord des côtes, qui dérivent grâce aux courants. Les déchets que les touristes abandonnent sur les côtes et les plages (Emballages, paquets de cigarettes, restes de pique-nique). Les matières plastiques sont très résistantes et non biodégradables. Selon le PNUE, les sacs et les bouteilles en plastique constituent 80 % des déchets collectés dans les océans.           
Les déchets dérivés de la cigarette se retrouvent également massivement dans les océans, jetés ou enterrés dans le sable sur la plage. Constitués de métaux lourds, les mégots de cigarettes mettent 12 ans à se décomposer.

-         Les déchets industriels : Des rejets d'eaux usées, des trop-pleins d'égouts, d'eaux polluées par des produits chimiques sont entrepris en bord de mer.

-     Les rejets nucléaires : Etant donné que les mers recouvrent les deux tiers du globe, les spécialistes ont donc "naturellement" pensé à les utiliser pour évacuer ces substances nocives. Pendant longtemps, les grandes puissances nucléaires (Grande-Bretagne en tête) se sont contentées de rejeter leurs déchets radioactifs dans les mers à l'aide de fûts métalliques, qui rouillent rapidement. Le pouvoir corrosif de l'eau (salée) est considérable, aucun fût ne lui résiste de quelques mois à quelques années. 

      

              Malgré une pollution humaine conséquente au niveau ménager, industriel et chimico-nucléaire, le poids des catastrophes naturelles mérite autant d'attention pour mieux comprendre cet important amas de déchets qui composent la plaque du Pacifique.


 B) Contribution à des catastrophes naturelles 

      De tous les déchets que l’on peut retrouver en mer, tous ne sont pas issus de la « main de l’homme » : Bien que l’Homme les ait fabriqués, il ne les a pas volontairement jetés. Des catastrophes comme  séismes, tsunamis sont des exemples de catastrophes naturelles pouvant contribuer à l’apport de déchets dans les océans.
     Un exemple peut être le séisme sous-marin ayant eu lieu au large de Sumatra le 26 Décembre 2004 à 00h58 (Heure GMT). D'après l'Institut Géologique Américain, ce séisme a été enregistré avec une magnitude allant de 9.1 à 9.3 degrés sur l'échelle de Richter.
Ce tremblement de terre est l'un des plus violents jamais enregistré dans le monde. Jusqu'à présent, seul quatre séismes ont atteint une magnitude supérieure ou égale à celui-ci.
Suite à ce terrible tremblement de terre est arrivée une vague dévastatrice, qui a frappé l'Indonésie, le sud de la Thaïlande, les côtes du sud du Sri Lanka et de l'Inde et aussi l'île touristique de Phuket.
Le Bilan en pertes humaines est catastrophique et les dégâts matériels sont gigantesques. On peut voir que des régions entières ont été dévastées, des villes se sont complètement retrouvées submergées par les flots. Une grande partie des infrastructures a été détruite, causant de profonds bouleversements dans l'économie, qui reposait essentiellement sur le tourisme et les activités de bord de mer. Tout cela a également entraîné le développement de maladies infectieuses et très contagieuses. Il est possible de donner des chiffres sur les dégâts subis. On peut affirmer que 75 000 maisons ont étés complètement détruites, environ 150 établissements scolaires ont étés entièrement ou partiellement détruits par le tsunami. Le montant total des dégâts subis s'élèverait à un milliard et demi de dollars.
En Juin 2005, soit six mois après la catastrophe, la reconstruction des zones sinistrées était encore au point mort.

     Une autre catastrophe naturelle récente illustre bien les contributions possibles de ces phénomènes à la formation de l’ile de déchets est celle ayant eu lieu au Japon le 11 Mars 2011. Suite à cela, beaucoup de déchets terrestres se sont retrouvés en mer. Le tsunami qui a suivi le terrible séisme de Fukushima a emporté avec lui 25 millions de tonnes de déchets dans l’océan Pacifique Nord. Les déchets, qui ont été engloutis par cette vague meurtrière, sont divers et variés. On peut y retrouver, par exemple, des centrales à fuel, des stations d’épuration, des avions, des maisons entières, des hydrocarbures et bien évidement des voitures. Concernant les voitures, on estime que 20 000 à 40 000 aurait été emportées par la vague. Tous ces objets emportés sont aussi dangereux pour le trafic maritime. En effet, un risque de collision avec les déchets devient possible. Les débris aussi bien flottants (Troncs d’arbre, poutres, charpentes) que ceux se trouvant sous l’eau (Avions, bâtiments industriels) sont un risque potentiel pour les navires circulant en mer. Robin des bois, une association de protection de l’Homme et de l’environnement, présente ce risque comme non négligeable et important. Les déchets en mer se déplacent du fait des courants maritimes. Ainsi, l’association Robin des bois a pu anticiper les destinations des déchets dans les deux années à venir.

    Une fois déversés à la mer, nous pouvons nous demander comment sont acheminés ces déchets pour former une telle plaque.


C) Courants marins propices a cette accumulation

Le principal responsable des courants marins est le soleil. En effet, la Terre reçoit inégalement l’énergie solaire. Elle n’est pas la même selon que l’on se trouve au pôle ou à l’équateur ; Les régions tropicales reçoivent plus d’énergie que les régions polaires.

Ce grand déséquilibre met en mouvement les océans et l’atmosphère, qui vont rééquilibrer thermiquement l’ensemble. Il génère également des vents, facteurs des courants de surfaces, et provoque des différences de température suivant la latitude ; cette différence de température entraîne une différence de salinité de l’eau et donc de densité, créant les courants de profondeur.

Ces mouvements sont aussi influencés par la rotation de la Terre, appelée force de Coriolis. On distingue ainsi deux types de courants marins : les courants de surfaces et les courants de profondeurs.


Les courants de surface


Les vents qui soufflent à la surface des mers et des océans entraînent les eaux de surface dans leur direction. L’effet direct du vent se fait ressentir jusqu’à une profondeur d’environ 800 mètres.
Les vents à l’origine des courants de surface sont principalement les vents dominants : les vents d’est subtropicaux (les alizés), les vents d’ouest, ou encore les vents d’est polaires. Les courants marins peuvent être extrêmement rapides (Jusqu’à environ 3 mètres par seconde).

L’ensemble des courants marins de surface constitue à l’échelle du globe la circulation océanique de surface. La carte de ces courants marins de surface est d’ailleurs connue depuis plusieurs siècles par les navigateurs marins.

De plus, la force de Coriolis, provoquée par la rotation de la Terre, tend à dévier les courants de surface dans le sens horaire dans l’hémisphère Nord (Inversement dans l’hémisphère Sud). Cela aboutit à la formation de tourbillons, appelés spirales d’Ekman, qui structurent le mouvement général des courants horizontaux.


Les courants de profondeurs


      Au-delà de 800 mètres de profondeur, les mouvements d’eau se créent en raison de la différence de densité entre les diverses couches de l’océan. Cette différence de densité est fonction de la température (plus l’eau est froide, plus elle est dense et donc plus elle descend en profondeur en dessous des eaux plus chaudes) et de la salinité (l’eau salée est plus dense que l’eau douce) des masses d’eau.

À l’échelle du globe, les courants marins de profondeur constituent la circulation océanique profonde (ou circulation thermohaline). Ces courants profonds, appelés courants thermohalins, se déplacent très lentement, de seulement quelques mètres par jour.


Les causes d’un tel phénomène


      Ici, en ce qui concerne la plaque de déchets, seuls les courants de surface permettent sa formation. Selon les chercheurs, il faudrait environ cinq ans pour que les courants océaniques transportent au centre du tourbillon les déchets issus de pays éloignés comme le Japon. Il faudrait environ un an ou moins aux ordures provenant de sites plus proches, comme la Colombie Britannique, pour joindre la plaque de déchets du Pacifique Nord.


      Beaucoup des déchets de surface arrivent en gros morceaux, mais la plupart du plastique se désintègre, au fil des ans, en petites particules, sorte de "sable plastique". Le courant du Pacifique nord, le courant de Californie, le courant équatorial nord et le courant Kuro shivo convergent en ce qu’on nomme un "gyre océanique" : c'est le gyre subtropical du Pacifique Nord. Les courants entrent en collision, créant des tourbillons océaniques qui prennent en otage les déchets qui s’y retrouvent.

      Les déchets restent donc pris dans les remous, formant cette fameuse "soupe plastique" ou ce "vortex d’ordures". Il les fait tourbillonner tout comme le vent le fait avec des feuilles sur une place publique et accumule depuis des années des déchets plastiques venus des côtes ou issus de la navigation, les entraînant dans sa rotation et, par la force centripète (tendance à se rapprocher du centre), il les ramène progressivement vers son centre. C'est une zone de faible énergie cinétique (peu de mouvement) de 3,43 millions de kilomètres carrés (soit un tiers de l’Europe et plus de sept fois la surface de la France métropolitaine).

      Ainsi, ces déchets se retrouvent piégés sans possibilité de sortir de ce "carrefour" de courants, en plein milieu de l’océan Pacifique.

Ce huitième continent s’est donc formé à cause de la mauvaise gestion de l’homme à traiter les déchets et il n’est pas sans conséquence sur l’écosystème avoisinant la plaque.